Par Linda Douifi
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La mère de famille s’offense du procédé, tout en reconnaissant être fautive. La maire évoque une certaine mauvaise foi face à une situation qui dure depuis 2019

Jeudi, quand un policier municipal de Saint-Médard-de-Guizières a ramené son fils de 7 ans à son domicile à midi, pour cause de cantine impayée, Chirley n’a pas du tout apprécié la méthode. « J’aurai préféré qu’ils me disent de venir le chercher. Là, ce n’est pas moi qu’ils atteignent mais mon fils. Pourquoi humilier un enfant ? », s’offusque la mère de famille, qui reconnaît...

Jeudi, quand un policier municipal de Saint-Médard-de-Guizières a ramené son fils de 7 ans à son domicile à midi, pour cause de cantine impayée, Chirley n’a pas du tout apprécié la méthode. « J’aurai préféré qu’ils me disent de venir le chercher. Là, ce n’est pas moi qu’ils atteignent mais mon fils. Pourquoi humilier un enfant ? », s’offusque la mère de famille, qui reconnaît néanmoins être fautive à la base. Cette dernière doit en effet plus de 800 euros à la municipalité mais assure qu’elle comptait se rendre au Trésor public de Coutras dans la semaine pour acquitter sa dette avec un échéancier.

L’enfant de 7 ans est scolarisé à l’école Jacques-Chastenet de Saint-Médard-de-Guizières
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Karine Poullain

Au-delà du procédé, la situation interroge les moyens qu’ont les maires dans ces cas-là. « La dette de cette maman correspond à 350 voire 400 repas. On l’a sollicitée depuis 2019 pour régulariser sa dette », souligne Mireille Conte-Jaubert, qui indique par ailleurs avoir déjà reçu la mère de famille en mairie et envoyé, encore récemment, un courrier lui demandant de ne pas mettre son fils à la cantine.

« Je récupère déjà mon plus grand au collège privé où je n’ai pas les moyens de payer en plus la cantine. Les horaires ne sont pas les mêmes et c’est compliqué en termes d’organisation, explique-t-elle. D’autres familles ont des dettes, peut-être moins importantes, mais là il n’y a que mon fils qui a été sorti. » Actuellement, la commune compte 16 000 euros de factures impayées entre la cantine et le périscolaire.

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« J’ai en effet sollicité d’autres familles de la même façon mais il n’y en a que deux qui doivent de telles sommes. Cette maman habite à 100 mètres de l’école et ne travaille pas, elle a délibérément refusé de garder son fils malgré nos recommandations. » En six ans, c’est la première fois que l’édile se résout à ramener un écolier chez lui. « C’était ça ou j’appelais les services sociaux. Bien sûr que c’est désolant, mais c’est son comportement qui m’a contraint à ce choix », justifie-t-elle, évoquant un dialogue impossible. Et d’assurer que l’écolier « n’a pas été traumatisé ».

« Un souci d’équité »

D’après l’élue, c’est aussi un souci d’équité envers ceux qui paient la cantine, et d’autres qui, selon elle, font preuve de davantage de bonne volonté en cas d’impayé. « Je peux parfaitement comprendre que des difficultés surviennent parfois. »

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Les premiers soucis de paiement de Chirley ont vu le jour alors qu’elle n’avait pas de compte courant. « Je n’avais qu’un livret A et je devais me rendre chaque mois au Trésor public de Coutras pour payer. Mais les bus de la Cali vont tous vers Libourne », explique-t-elle. En début d’année, elle a enfin ouvert un compte. S’en est suivi, en avril, un rendez-vous en mairie pour évoquer de nouveau sa situation et donner un RIB. « Elle assure avoir fait un échéancier à ce moment-là mais c’est impossible, car seul le Trésor public le peut », relate Mireille Conte-Jaubert. Depuis, un prélèvement a eu lieu en mai et un autre est prévu ces prochains jours pour payer la cantine. Reste à rembourser la dette.

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